Chers tous,
L’heure est à l’arrêt pour certains de leurs activités, de leur habitudes de vie. D’autres au contraire se battent sans relâche pour sauver des vies. D’autres encore restent actifs dans la vie économique, pour que les fonctions essentielles de notre société continuent d’être assurées. Les parents découvrent les joies de l’école à la maison, et l’on explore les avantages et inconvénients du télétravail…
Tous, citoyens français, citoyens du monde, nous vivons un renversement brutal et inattendu de nos modes de vie, encore impensable il y a à peine un mois !
Face à ce confinement, nous sommes inégaux. Trop de solitude pour certains, pas assez pour d’autres. Des lieux de confinement allant de belles maisons à la campagne ou d’appartements luxueux en ville (sans domestique cette fois !) à des habitats vétustes, trop étroits… En ces temps de fin du monde, les fins de mois de chacun ne sont pas les mêmes, loin s’en faut. Quant au capital santé, il diffère selon notre âge, notre hygiène de vie, et nos systèmes immunitaires sont plus ou moins résistants, pour différentes raisons. Et surtout, nous avons chacun d’entre nous, une capacité psychique à faire face à la situation tout à fait personnelle, qui dépend de notre histoire, de nos souffrances, de comment nous avons pu danser avec les difficultés de la vie. C’est le lieu où chacun entre en résonance avec son monde intime : ses peurs, ses inquiétudes, ses ressources… Qui plus est, notre façon d’être en relation avec cette situation de crise, cette catastrophe pour reprendre Boris Cyrulnik, va évoluer au fur et à mesure que le confinement s’installera dans la durée.
Chacun de nous, à sa manière, invente peu à peu une autre façon de vivre, une nouvelle façon de rester en lien, une autre façon de travailler, une autre façon de prendre soin. Comment rester présent à soi, en de pareilles circonstances ? Comment ne pas « tomber dans le trou, et choisir de passer par le portail », pour reprendre les mots de White Eagle, sage indien de la tribu des Hopis ?
Pourtant, privés de contacts réels, physiques, tangibles, nous sommes encore plus qu’avant reliés les uns les autres. Reliés par cette évidence, que nous avions un peu oublié dans les volutes de notre confort moderne : nous sommes tous des êtres limités dans notre finitude, fragiles et vulnérables. L’ombre qui plane au-dessus de nos têtes, à l’écoute de ces chiffres du nombre de morts qui tombent chaque jour à la radio, vient nous le rappeler, quotidiennement.
Ce temps de confinement serait-il une invitation à repenser nos vies ?
Et si cela commençait par reconnaître enfin le caractère précieux, le caractère sacré de la Vie !
En relisant les anciens articles du blog, je retombe sur cette phrase merveilleuse de Rilke :
“Mûrir comme l’arbre qui ne hâte pas sa sève et qui, tranquille, se tient dans les tempêtes de printemps sans redouter qu’après elles puisse ne pas venir l’été. Il vient de toute façon.
Mais il vient seulement chez ceux qui, patients, sont là comme si l’éternité s’étendait devant eux, insoucieusement calme et ouverte. Je l’apprends tous les jours, je l’apprends au prix de douleurs envers lesquelles j’ai de la gratitude : la patience est tout !”.
« Quel monde voulez-vous vous construire? Pour l’instant, voici ce que vous pouvez faire: la sérénité dans la tempête. Calmez-vous et priez. Tous les jours. Établissez une routine pour rencontrer le sacré tous les jours. De bonnes choses émanent, ce que vous émanez maintenant est la chose la plus importante. Et chanter, danser, résister par l’art, la joie, la foi et l’amour. »
White Eagle, sage de la tribu Hopi (« le peuple paisible »).
Au plaisir de vous retrouver, pour le moment, virtuellement…
Chaleureusement,
Virginie OLIVE